Vie étudiante
L'international
Pour son dernier Mardi de l’ingénieur de la saison 2016-2017, l’ESME Sudria Paris invitait Didier Pagnoux, CEO du World Class Center IoT d’Altran, le leader mondial du conseil en innovation et ingénierie avancée, pour une conférence consacrée aux usines du futur. L’occasion pour les futurs ingénieurs de l’école de se plonger dans ce qui sera bientôt leur quotidien, dans un environnement révolutionné et optimisé par les nouvelles technologies.
D’après Didier Pagnoux, l’avenir serait déjà là, prêt à bouleverser le monde tel que nous le connaissons. « Nous sommes face à un contexte de transformation extrêmement important des entreprises : cela va changer nos vies et les métiers de demain. » Pour lui, cette « industrie de demain » où la langue dominante sera « l’anglais » est la conséquence directe de la quatrième grande révolution industrielle, après l’émergence de l’énergie à vapeur, l’importance grandissante de l’électricité et l’essor d’Internet.
La dynamique du marché
Selon le professionnel, le marché du monde de l’industrie est conscient de ce qui se trame et des changements à venir. « Par le passé, la mondialisation a transféré des masses d’argents énormes entre les continents, sauf qu’aujourd’hui, le coût du travail tend à devenir équivalent dans les pays développés ou en cours de développement. Désormais, un ingénieur télécom chinois « coûte » le même prix qu’un ingénieur français ou américain. La vague des emplois à haute valeur ajoutée considérés comme moins chers est en train de se tarir. Les entreprises cherchent donc d’autres sources afin de rentabiliser leur productivité et baisser leurs coûts et donc gagner en compétitivité. » Pour Didier Pagnoux, ce gain de compétitivité passe par des investissements importants dans différentes technologies. Ainsi, cette industrie 4.0 représente aujourd’hui dans le monde 900 milliards de dollars par an d’investissement (près la moitié du PIB annuel de la France). Un chiffre qui devrait atteindre les 4,5 billions d’ici 2020. « Les gens n’investissement pas autant d’argent dans cette transformation sans raison valable. Prenons par exemple le cas de la data : on estime à 400 milliards de dollars les gains de productivité avec la manipulation des données ! » À ses yeux, la révolution de l’industrie manufacturière passera principalement par l’adaptabilité. « L’usine de demain sera capable de faire un jour des voitures, le lendemain des vélos, le lendemain des pièces d’avion, etc. Les usines qui répètent des productions identiques en grand nombre n’existeront plus. »
L’ère des robots et de l’impression 3D
Autre point fort de cette révolution qui « touchera tous les secteurs industriels », la robotisation. « Ce n’est pas une nouveauté, mais on va se diriger vers beaucoup plus de robots, toujours plus intelligents et polyvalents. Demain, la plupart des usines seront entièrement robotisées. Certaines le sont déjà : j’ai ainsi audité récemment une centrale photovoltaïque possédant zéro employé ! » L’expert n’oublie pas non d’aborder une autre approche au cœur de cette révolution économique et technologique : la fabrication additive. « C’est un véritable changement de paradigme et les progrès réalisés en l’espace de cinq ans sont tout simplement énormes ! Aujourd’hui, on est capable d’imprimer des pièces en métal extrêmement précises. Le 3D Printing change la chaîne de production et la logistique. Le transfert de métier est donc complet – on passe du tourneur fraiseur à l’ingénieur manipulant des équipements de CAO – et l’impact réel, comme pour les entreprises aéronautiques. On assistera bientôt à la fin des usines immenses utilisées et pensées pour produire beaucoup de pièces afin de rentabiliser des coûts de logistique extrêmement élevés. Désormais, un avion peut envoyer des messages durant son vol afin que les équipes présentes sur son lieu d’atterrissage puissent imprimer les pièces à remplacer sans avoir à les commander ! Avec la fabrication additive, on se dirige vers des petites usines mobiles capables de construire des pièces vite et rapidement. De ce fait, l’industrie de demain sera plus petite et beaucoup moins capitalistique qu’aujourd’hui. » De quoi imaginer un basculement des forces : certains grands noms actuels, obligés de se transformer, pourront alors se retrouver en concurrence directe avec de nouveaux acteurs émergents qui compenseront un manque de moyens par plus de créativité et d’audace. De même, il ne serait pas étonnant de voir des pays jusque-là absents de l’échiquier industriel mondial se développer à grande vitesse. Les cartes seront alors rabattues.
Le futur est déjà là
L’usine du futur mutera également avec l’intégration d’autres technologies qui, pour la plupart, existent déjà. « Les choses bougent par gain d’intelligence et de performance. Demain, les outils comme les opérateurs seront ainsi tous connectés à travers le monde. Il y aura également une place importante réservée à l’intégration du virtuel avec le réel, avec en première inspiration le jeu vidéo. Dans le futur, tout ce qui existe physiquement – avion, voiture, centrale thermique, etc. – aura son « jumeau digital » sur lesquels les gens travailleront en amont. Cela représentera un gain de coût énorme, réduisant de près 80 % le coût de l’apprentissage ! » Face à ces ensembles connectés, impliquant une augmentation sans égal des données, l’industrie devra également intégrer les smart technologies (Machine Learning, intelligence artificielle) pour suivre les cadences imposées.
Convaincu que des emplois vont être générés par cette transformation, Didier Pagnoux concluait son intervention en citant quelques-uns de ces « jobs 4.0 » auxquels pourront logiquement prétendre les futurs ingénieurs de l’ESME Sudria. Pour lui, les entreprises du futur seront celles des Computer System Analysts, Information Security Analysts, Data Scientists ou encore des Operation Research Analysts. Le point commun de tous ces métiers ? Ceux qui les occuperont devront se réinventer en permanence. « Les ingénieurs de demain devront acquérir de nouvelles compétences, changer de pays et d’employeurs tous les 3-5 ans ! En effet, il faut bien avoir en tête que l’advanced manufacturing n’est pas une question de technologie, mais de mentalité. »
Fondée en 1905, l’école d’ingénieurs ESME forme en 5 ans des ingénieurs pluridisciplinaires, prêts à relever les défis technologiques du XXIe siècle : la transition énergétique, les véhicules autonomes, la robotique, les réseaux intelligents, les villes connectées, la cyber sécurité, et les biotechnologies.
Trois composantes font la modernité de sa pédagogie : l’importance de l’esprit d’innovation ; l’omniprésence du projet et de l’initiative ; une très large ouverture internationale, humaine et culturelle. Depuis sa création, près de 15 000 ingénieurs ont été diplômés. L’école délivre un diplôme reconnu par l’Etat et accrédité par la CTI.
Etablissement d’enseignement supérieur privé – Inscription au Rectorat de Créteil – Cette école est membre de IONIS Education Group comme :