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Journée du Biomimétisme : quand l’ESME Sudria Lille se tourne vers le vivant pour innover !

  • 20/11/2019


L’année 2019 marque l’anniversaire des 500 ans de la mort de Leonard de Vinci. Génie intemporel et touche-à-tout, ce dernier est régulièrement présenté comme le premier à avoir théorisé le biomimétisme, cette approche visant à étudier la nature pour s’inspirer des systèmes vivants et tenter de les répliquer, en totalité ou en partie, pour engendrer de l’innovation. C’est justement sur cette thématique que les campus lillois de l’ESME Sudria et l’ISG se sont associés pour organiser une grande journée de conférences et d’ateliers, le mercredi 13 novembre. Le nom de cet événement ? « Journée du Biomimétisme : Innovation responsable ».

Journée consacrée au biomimétisme à l'ESME Sudria Lille / Novembre 2019

Professionnels, curieux et étudiants avaient donc rendez-vous au 60 Boulevard de la Liberté pour faire le plein de connaissances, s’ouvrir au monde du vivant et découvrir de nouvelles solutions prometteuses. « Aujourd’hui, vis-à-vis des enjeux climatiques, l’ESME Sudria se place comme une école capable d’innover dans des systèmes respectueux de la biodiversité ou dans la frugalité, de vrais enjeux qui seront omniprésents demain dans les institutions comme les entreprises, précisait Johan Verstraete, directeur du campus de Lille. Dans son histoire, l’école a toujours voulu former des ingénieurs avant-gardistes et c’est pourquoi nous voulons que nos futurs diplômés possèdent des connaissances liées à ces nouveaux enjeux. Cette journée s’inscrit dans cette volonté de renforcer la culture de nos étudiants pour que, plus tard, ils puissent logiquement et facilement se tourner vers le vivant au moment d’imaginer de nouveaux projets. »

Pour développeur leur culture, les néo-ingénieurs pouvaient notamment compter sur la présence de deux représentants du Ceebios, le Centre européen d’excellence en biomimétisme de Senlis : Hugo Bachellier, chargé de mission formation & stratégie régionale et Bertrand Monfort, correspondant de l’organisme en Occitanie. Le premier a profité de l’événement pour présenter l’activité du Ceebios (« un réseau de compétences autour du biomimétisme en France qui essaye d’accompagner la transition sociétale par la démarche d’innovation en regardant le vivant ») ainsi que la série vidéo « Nature = Futur », mais aussi insister sur le potentiel du vivant, capable de « créer, stocker et traiter de la donnée » et de donner de plus en plus naissance à des Low Tech, autrement dit des technologies « utiles, accessibles et durables ».

« Chaque espèce est un livre »

Selon Hugo Bachellier, le biomimétisme et la bio inspirations peuvent donner lieu à des systèmes complexes qui donnent des résultats simples ou des systèmes simples capables de résoudre des problèmes complexes, à l’image de la permaculture. « Je suis ingénieur de formation et suis arrivé dans le biomimétisme après une conférence de la scientifique américaine Janine Benyus connue pour avoir formalisé ce concept. Cela m’a poussé à créer une association, aujourd’hui nommée Chrysalide, dans mon université puis à rejoindre le Ceebios. Une journée comme celle proposée par l’ISG et l’ESME Sudria, c’est une super initiative car on sent que ces écoles veulent vraiment s’investir sur le sujet. En intervenant, j’ai voulu poser un cadre et ne surtout pas techno-centrer le débat, afin de montrer comment le biomimétisme pouvait permettre à tout le monde de se reconnecter aux enjeux de la biosphère. »

Quant à Bertrand Monfort, il a souhaité axer son intervention sur l’infinie richesse de la nature, rappelant notamment que l’approche du vivant se divisait en trois niveaux pour résoudre les problèmes : la forme (quel design), le matériau (quel procédé) et l’écosystème (quelles relations). L’occasion aussi de citer de nombreux exemples d’êtres vivants aux capacités parfois incroyables, de « l’araignée créant des toiles aussi robustes que l’acier » à la « vigne vierge dotée de pattes végétales capables de se coller fortement aux murs » en passant par « les moules qui sécrètent le byssus, une colle extraordinaire fonctionnant aussi bien dans l’eau que dans l’air ». Pour le spécialiste, il est temps d’ouvrir les yeux pour mieux penser demain : « Chaque espèce est un livre et la biodiversité est une bibliothèque. Pourtant, l’Homme ignore assez généralement la richesse d’informations du vivant. Cela nécessite une remise en question ! »

Journée consacrée au biomimétisme à l'ESME Sudria Lille / Novembre 2019

Hugo Bachellier

Journée consacrée au biomimétisme à l'ESME Sudria Lille / Novembre 2019

Bernard Monfort

« La nature, c’est 3,8 milliards d’années de R&D »

Un avis partagé par Alain Renaudin, président de l’agence de conseil NewCorp et fondateur de Biomim’Expo, un événement annuel majeur du biomimétisme. « On s’est déconnecté du vivant, notamment à cause de l’urbanisation croissante, et l’on a perdu un certain bon sens. On a oublié la résilience de la nature, sa capacité à nous apporter des enseignements. Le biomimétisme, c’est donc une invitation à réapprendre. Et quand on apprend, on aime et l’on s’émerveille à nouveau ! Nous, les Homo Sapiens, les derniers arrivés, nous devons apprendre de la méduse, du requin, des plantes… des organismes plus anciens que nous et qui ont parfois survécu à de nombreuses extinctions massives. La nature, c’est 3,8 milliards d’années de R&D. Ce qui est nouveau, ce n’est donc pas le biomimétisme, mais le contexte. Avec lui, on passe de la pédagogie du pourquoi on doit changer, au comment on doit changer. Ce n’est pas l’homme qui va sauver la planète mais la planète qui va sauver l’homme ! De ce fait, il faut reconsidérer le vivant pour nous aider à aller mieux. C’est un changement de regard à 180° et si cela accélère aujourd’hui, c’est que l’on a de nouveaux outils pour observer le vivant et pour l’imiter. »

Cette notion d’urgence à agir à travers une nouvelle forme de retour à la nature se retrouvait également dans le discours de Stephan Hoornaert, biomimicry consultant chez Morpho-Biomimicry. « Le « sapiens » dans « Homo Sapiens » signifie « sage », mais le sommes-nous vraiment ? », demandait ainsi l’expert, alertant l’auditoire sur le danger de la situation actuelle. « Nous avons dépassé un certain nombre de limites aujourd’hui : nous sommes au début de la 6e extinction massive, 60 à 70% d’insectes ont disparu depuis quelques années, les paysages changent et le point de bascule sera bientôt atteint. Va-t-on encore attendre ? »

Citant Leonard de Vinci (« Va prendre tes leçons dans la nature, c’est là qu’est notre futur »), Stephan Hoornaert appelait de ses vœux à un changement global et profond de notre façon de penser le monde. « Nous résolvons nos problèmes grâce aux technologies et, pour cela, nous allons essentiellement utiliser de l’énergie et de la matière. Or, la nature fait autrement : elle se base sur l’information et la structuration. » Reste que, pour que le biomimétisme soit une réelle solution, il convient de ne jamais oublier ses trois piliers fondamentaux : l’éthique, la (re)connexion et l’ethos. « Sans éthique, ce n’est que du green washing. La connexion est aussi essentielle : nous sommes des animaux déconnectés de la nature et de ce qu’il se passe à l’intérieur de nous. Il faut changer cela, apprendre à s’écouter. Enfin, il faut aussi arrêter l’hyper spécialisation, la segmentation, le fait d’agir en caste insensible et inconsciente. On a oublié de collaborer. Les ingénieurs et biologistes ne sont pas câblés pareils, mais ils doivent parler entre eux, apprendre les uns de l’autres, échanger leurs visions. »

Journée consacrée au biomimétisme à l'ESME Sudria Lille / Novembre 2019

Alain Renaudin

Journée consacrée au biomimétisme à l'ESME Sudria Lille / Novembre 2019

Stephan Hoornaert

Des entreprises déjà impliquées

Parmi les intervenants figuraient également des représentants d’entreprises ayant déjà fait le pari du biomimétisme, à l’instar de Blue Lingua (radar bio-inspiré), Decathlon (serviette inspirée du diable cornu pour sécher plus vite, ballon de basket s’autoréparant en délivrant un gel de l’intérieur en cas de crevaison…) et Eel Energy. Depuis sa création en 2012, cette dernière développe une hydrolienne à membrane ondulante qui imite la nage des poissons pour que l’énergie de l’ondulation soit récupérée dans des générateurs linéaire. « Notre entreprise étant basée à Boulogne-sur-Mer, nous privilégions dès que possible les rencontres dans les Hauts-de-France, expliquait son CEO, Franck Sylvain. Surtout, il nous semblait particulièrement intéressant de pouvoir venir à la rencontre d’étudiants. Ceux de cette journée ont posé beaucoup de questions et c’est tant mieux car être curieux est une qualité importante. Cette curiosité pousse à regarder ce qu’il se fait à côté pour mieux créer ensuite. Finalement, c’est l’essence même du biomimétisme ! »

D’autres professionnels étaient aussi présents dans l’espace ateliers pour présenter leurs innovations ou leurs activités. C’est ce qu’a fait Erik Guillemin, président de la start-up AMS R&D à l’origine de la technologie Wavera de membrane ondulante adaptable à tous types de pompes. « Dès l’instant où l’on peut voir de futurs ingénieurs, on aime pouvoir leur montrer notre technologie innovante et ce qu’elle permet de faire. Pour nous, c’est un tremplin pour demain. D’une certaine façon, on plante une graine : certains vont être frappés par notre technologie et la garder en mémoire, d’autres s’inspireront de la démarche dans d’autres domaines. Il en restera toujours quelque chose de positif et d’intéressant ! » De quoi inspirer plus d’un étudiant, à l’image de Louis Trousson (ESME Sudria promo 2022), membre de BiomimTech, la nouvelle association étudiante de l’école qui, comme son nom l’indique, se veut entièrement consacrée au biomimétisme : « Une journée comme cela, avec plusieurs intervenants que l’on peut voir et contacter, ça nous permet de nous imprégner encore davantage de cette approche. Cela nous permet de tisser de futures relations pour le développement de l’association ! »

Journée consacrée au biomimétisme à l'ESME Sudria Lille / Novembre 2019

Blue Lingua présentée par Pascal Bétrémieux

Journée consacrée au biomimétisme à l'ESME Sudria Lille / Novembre 2019

Lucie Bailleul, Life-inspired Innovation leader chez Decathlon

Journée consacrée au biomimétisme à l'ESME Sudria Lille / Novembre 2019

Franck Sylvain

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